
Illustrateur, un métier
Dans cette rubrique, apprenez-en plus sur le dessin, le plus ancien langage écrit de l’humanité. Au cours du XXe siècle, la façon de créer et de publier des images s’est intensément transformée, au travers de la presse, de la BD, du dessin animé, de la 3D, de l’image virtuelle, etc.

NEW!
Les œuvres de Pierre Brochard ont bénéficié de nombreuses rééditions, en France ou dans d’autres pays.
Dès les années 1960, les aventures de Zéphyr et d’Alex, Eurêka, Lestaque ont été traduits en néerlandais. Comme à cette époque on ne connaissait pas l’infographie, on collait simplement de petits encarts sur les dialogues (ci-contre, Silence, on tourne ! en néerlandais). En 1961, le journal anglais Girls’ Crystal publie Lost Memory Girl.
Les ouvrages documentaires sont très prisés : Guillaume le Conquérant, collection Histoire Juniors, paraît en anglais, Le Krak des chevaliers en basque et en catalan, Barcelone en espagnol, Au temps des Gaulois en mandarin (édition destinée au public chinois).
Les bandes dessinées de Pierre Brochard ont toujours leurs fans : BD Must réédite plusieurs Zéphyr comme L’Escale du Balaou. Plotch Splaf, éditeur spécialisé dans les BD de collection, a entrepris la publication de la série complète d’Alex, Eurêka, Lestaque. Les éditions du Triomphe ont réédité une grande partie des œuvres de Pierre Brochard : une partie des Zéphyr, l’intégrale des Saint-Clair, les Evangiles, les BD historiques…
#11
ARTISTES ENTRE SEINE ET LOING





#10
IMAGES DE L'HISTOIRE SOUS L'ANGLE DU QUOTIDIEN






#9
SAVOIR-FAIRE D'ARTISTE: FOCUS SUR LA REPRÉSENTATION DES NAVIRES ANCIENS





#8
LA "QUERELLE DES IMAGES"

La bande dessinée à caractère religieux s’inscrit dans un objectif pédagogique. Mais l’artiste dessinateur se trouve confronté à un problème qui n’est pas nouveau : que représenter ? Quels visages donner à des personnages à propos desquels on ne possède pour tout document que des textes écrits ?

Par tradition, fondée sur la Bible ou le Coran, le judaisme et l’islam ne font pas appel aux images à caractère religieux. Le christianisme au contraire, tout comme l’hindouisme ou le bouddhisme, s’appuie sur des représentations visuelles figuratives (sculptures, fresques, mosaïques, enluminures, vitraux, etc) pour embellir les lieux de culte, enseigner l’histoire sainte et inciter au recueillement ou à la méditation.

Dès les origines, le culte chrétien orthodoxe dans l’Empire byzantin multiplie les "icônes" (en grec, le mot signifie "image") qui deviennent de vrais objets de culte. Alors naît la "querelle des images" : pour lutter contre ce qu’ils nomment idolâtrie, des empereurs, aux VIIIe et IXe siècles, interdisent toute représentation religieuse et font détruire celles qui existaient. Ils sont appelés "iconoclastes" (en grec : "briseurs d’images").

En Occident, durant le Moyen Âge, l’Église engage de très nombreux artistes pour rendre toujours plus belles les cathédrales comme les plus simples églises de campagne. Contrairement aux châteaux et aux demeures nobles ou bourgeoises, les œuvres d’art religieux sont accessibles au peuple à qui elles sont destinées.

Au XVIe siècle, réfutant les pratiques religieuses traditionnelles parfois excessives, certains Réformateurs interdisent à leur tour l’imagerie religieuse. Ainsi aux Pays-Bas, en 1566, se répand la "furie iconoclaste" qui détruit peintures, sculptures, bas-reliefs et livres imagés. A l’inverse, la Contre-Réforme catholique multipliera les signes visibles de l’histoire chrétienne dans un style fortement idéalisé.

Durant la Révolution française, quelques mouvements veulent faire table rase du passé chrétien en en détruisant les formes visuelles. L’émergence de la notion de "patrimoine" permettra de sauvegarder le travail artistique.
#7
SE DOCUMENTER... QUAND INTERNET N'EXISTAIT PAS
Soucieux de réalité visuelle, Pierre Brochard s’entoure d’un grand nombre de documents qui lui permettront de travailler sur les sujets les plus variés, avec un souci du détail que même les lecteurs les plus avertis ne remarquent pas toujours. Ici par exemple le début de la planche 9 du Masque de fer…

Louis XIV peint par Charles Le Brun en 1661
Le château de Versailles côté jardin, gravure d’Israël Sylvestre vers 1660
Racinet "La cour de Louis XIV", extrait
#6
DES GOÛTS ET DES COULEURS...
Si l’on sait reproduire le dessin et le texte par l’imprimerie depuis plusieurs siècles, la reproduction de la couleur a posé des problèmes techniques jusqu’à une époque récente.
Dans les années 1820, la lithographie est le premier procédé permettant de reproduire des images en couleur. Chaque teinte est obtenue avec une encre différente. Il faut donc créer plusieurs originaux pour obtenir une image aux couleurs variées. C’est ce qu’on appelle la "chromolithographie".

Vers 1840, le chimiste Chevreul (de Dijon) fait des études sur le chromatisme. Grâce à ses recherches, des imprimeurs mettent au point la "quadrichromie" qui permet de reproduire de nombreuses teintes sur la base de quatre couleurs de base : bleu, rouge, jaune et noir. Ce procédé est perfectionné jusqu’au XXe siècle mais le nombre de couleurs reste limité.
Dans les années 1960, les fabricants de peinture proposent des encres d’imprimerie à teintes multiples. La gamme la plus connue est celle de la maison Pantone. Depuis les années 1980, la colorimétrie informatique s’est progressivement enrichie et propose désormais un spectre de plusieurs millions de couleurs. La pixellisation permet au créateur de travailler directement à partir de l’ordinateur.

Auparavant, voici quelles étaient les étapes de la colorisation d’une BD (image extraite des aventures de Perrac - 1971):
Dans une édition de 2018, la même image est imprimée avec des couleurs recréées par procédé électronique.
L’image est d’abord dessinée sur papier bristol puis repassée à l’encre de Chine.
Le dessinateur donne des indications de couleurs sur un papier calque.
#5
L'ART DU MOUVEMENT
Un cas d’école : comment dessiner un cheval au galop ?







#4
CHASSEURS DE TÊTES








#3
COMMENT NAISSENT LES BANDES DESSINÉES
Le mot « bande dessinée », ou B.D. en abrégé, n’est employé que depuis les années 1970. Cette technique de récit est pourtant bien plus ancienne : le premier, Rodolphe Töpffer, un enseignant et artiste de Genève, publie en 1833 Histoire de Monsieur Jabot, une suite de dessins encadrés accompagnés par un texte. En Europe, ce procédé va surtout s’appliquer aux publications pour la jeunesse. Aux États-Unis, au contraire, les comics sont des suppléments illustrés à la presse pour adultes, où les textes se réduisent à des balloons.
Les images ont la parole
Alain Saint-Ogan, en France, suit l’exemple américain du récit en images où les dialogues apparaissent dans des « ballons », un procédé que refusent encore la plupart des éditeurs européens. En adaptant le genre aux jeunes lecteurs, il publie les aventures de Zig et Puce en 1925. Admiratif de son œuvre, Pierre Brochard adopte dès 1946 la même présentation, plus dynamique que des pavés de texte. On dit alors qu’il réalise des « histoires en bandes » pour des « illustrés ». Plus tard, les « ballons » s’appelleront des « phylactères » et enfin des « bulles ».
De l’idée au scénario
Comme pour un roman, une pièce de théâtre ou un film, tout commence par une idée, originale si possible que l’auteur propose sous la forme d’un résumé : le synopsis. C’est alors que se définissent l’action principale, son cadre et les personnages qui en seront les acteurs. Ainsi Pierre Brochard crée Tony, Annette, Zéphyr et Zamba.
Le comité de rédaction évalue si le projet entre dans la ligne éditoriale de Fripounet et Marisette, un journal qui s’adresse aux jeunes ruraux. La sœur de Tony change de prénom : elle se nommera Clara.
Du scénario à la planche dessinée
Lorsque le synopsis est accepté, l’auteur rédige alors un scénario complet qui sera découpé en scènes. Ensuite, chaque scène prend place dans un « chemin de fer » qui est une esquisse visuelle de chaque page (au cinéma, c’est le story board). L’artiste va maintenant donner vie à chacun de ses personnages. Il définit leur personnalité et certains, comme Zéphyr, vont évoluer au cours des années.
C’est alors que le dessinateur réalise la mise en place réelle, les esquisses, le trait définitif repassé ensuite à l’encre de Chine, ainsi que les textes qui sont tous tracés à la main. La mise à la couleur se fait sur un autre support, avant l’impression.








#2
PETITE HISTOIRE DE LA REPRODUCTION DES IMAGES
Créer une œuvre graphique est le fait d’un artiste, la reproduire en plusieurs centaines ou plusieurs milliers d’exemplaires relève de découvertes et d’innovations techniques qui ne sont pas très anciennes. Selon leurs objectifs, imprimeurs et éditeurs sont à la recherche du meilleur rapport entre la qualité, le coût et les délais de production.
La gravure
Jusqu’à la fin du Moyen Âge en Europe, on pouvait reproduire les images au moyen de la gravure sur bois, en relief (xylographie). Ce procédé ne permettait cependant que des images simples, comme des cartes à jouer. Il était impossible de reproduire les tableaux ou les miniatures autrement que par la copie manuelle. Vers 1450, parallèlement au développement de l’imprimerie, on commence à graver le métal : c’est la taille-douce, où l’image est gravée en creux. Le graveur est un artiste-artisan, intermédiaire entre l’artiste créateur du modèle et l’imprimeur.

La gravure sur bois de bout
En 1817, l’imprimeur Firmin Didot développe le procédé d’un artiste anglais en gravant le bois non pas dans le fil mais sur la tranche (le « bout »), qui est plus dure et plus uniforme. Cela permet d’associer et d’imprimer sur une même page le texte typographié et l’image gravée – ce que ne permet pas la lithographie. Au 19e siècle, la presse utilisera beaucoup ce procédé pour produire les premiers illustrés ainsi que certains artistes comme le célèbre Gustave Doré.
L’offset
En 1875, Robert Barclay, un Anglais, et en 1879, un Français, Henri Voisin, constructeur de presses à imprimer, mettent au point un procédé pour améliorer la lithographie : l’image est d’abord transmise sur un rouleau de caoutchouc (le blanchet) avant d’être portée sur la feuille de papier. Un industriel américain, Ira Washington Rubel, développe ce procédé pour ses presses rotatives en 1904-1905 et baptise cette technique « off set » (impression « en-dehors » de la matrice). C’est le nom qu’on emploiera désormais pour ce procédé d’impression qui, en étant peu à peu perfectionné, se généralisera dans l’imprimerie, et surtout pour la presse. Parallèlement, la pierre lithographique est remplacée par une plaque de métal souple.
La P.A.O.
Depuis les années 1980, les procédés de reproduction des images ont été totalement modifiés par l’introduction de la publication assistée par ordinateur (P.A.O.) qui, en faisant appel à la numérisation des documents, est devenue la technique la plus courante pour la reproduction et la diffusion du texte et des images.

La lithographie
En 1796, Alois Senefelder, à Münich, découvre les propriétés d’une pierre calcaire qui permet d’imprimer directement une image, sans passer par la gravure. Le procédé repose sur le principe d’opposition entre l’eau et le gras : une image est dessinée au crayon gras sur la pierre. Ensuite, la pierre est enduite d’eau puis encrée avec un rouleau : l’encre se dépose uniquement sur les parties dessinées et est chassée sur les parties humides. Ce procédé, appelé « lithographie » (du mot grec lithos = pierre), permet d’imprimer directement le dessin d’un artiste, créé à même la pierre. Il est donc beaucoup plus rapide et beaucoup moins coûteux que la gravure.
La photographie
En 1816, Nicéphore Niepce obtient la première « photographie » que Louis Daguerre popularise en 1839. Les artistes craignent alors que cette invention ne prépare la disparition des arts graphiques. Quelques années plus tard, Henri Fox-Talbot et Gustave Le Gray mettent au point le négatif qui permet de multiplier les photographies. Cependant, au 19e siècle, la reproduction des images photographiques reste coûteuse. Les livres et la presse préfèrent encore l’image dessinée. Le journal L’Illustration est le premier à publier une « photographie de presse » le 25 juillet 1891 mais cette technique ne se développera réellement qu’au milieu du 20e siècle.
